Inge Boesken Kanold

C’est depuis le temps du Covid que j’ai changé mon choix de couleur dans l’atelier.

Mes recherches sur la pourpre qui ont duré une quarantaine d’années avaient pris fin et je me demandais comment continuer.

En regardant tous les pigments qui se trouvaient depuis si longtemps en sommeil sur mes étagères, j’ai décidé de m’en occuper, de leur donner une chance. Dans les années 70 en Indonésie ou je ne pouvais pas acheter du matériel de peinture, j’avais fabriqué mes propres fonds de toile. Je clouais la jute sur un châssis et collais du papier Kraft dessus. Cela faisait des supports indestructibles.

Dans la remise se trouvait depuis longtemps un rouleau de papier Kraft épais et de grande taille. Il m’a servi à préparer des centaines de support. Ce papier brun, rustique m’inspirait à peindre dessus avec mes pigments liés à l’acrylique. Le ton du Kraft était ma couleur secrète, elle acceptait toutes les couleurs en ajoutant le sien, la transparence, le côté mat, elle était le lien entre toutes les couleurs. En plus, j’osais m’y mettre avec tout mon corps en faisant de grands gestes pleins de joie.

Ces peintures reflètent mon entourage, je vis entres les rochers d’une carrière abandonnée; les fissures d’un autre temps s’y trouvent, elles sont devenues les lignes de ma composition. Les couleurs par contre, si vives, si fortes, disent que j’aime vivre…..